Pourquoi je veux devenir floricultrice ?

Mon projet de création d’une ferme florale est une reconversion professionnelle. Après un peu plus de 10 ans dans les métiers de l’écrit (journalisme, rédaction web et marketing, référencement naturel…) j’ai fait le bilan.

En une décennie, j’estime avoir fait le tour de mon métier et surtout, je ne supporte plus le fait de travailler derrière un bureau. Je m’en aperçois aujourd’hui : je veux ralentir le rythme, et découvrir celui de la nature – et tant pis pour le cliché cul-cul.

Observer au jour le jour la pousse d’une plante, d’une fleur, la soigner et créer avec. Vivre au rythme des saisons, accélérer la cadence aux beaux jours, ralentir l’hiver, avec des activités différentes en fonction de la pluie ou du soleil…

Aujourd’hui, nous vivons un véritable défi écologique. J’ai toujours été sensible à ces questions, et je souhaite désormais agir à mon échelle. Les fleurs m’ont toujours passionnée et éblouie, et aujourd’hui plus que jamais il est temps d’apprendre qu’elles aussi ont leur rythme, leur environnement, leur utilité, leur place.

C’est aussi pour cela que je souhaite cultiver des fleurs locales, adaptées à la région et au climat où je vis, privilégier un circuit court et une empreinte carbone minimale voire nulle. A travers mon activité, j’espère transmettre cette passion et ce défi aux personnes que je rencontrerai, et sensibiliser sur la filière de la fleur française, qui vit aujourd’hui une renaissance

En quoi consiste le métier de productrice de fleurs ?

Floricultrice, productrice de fleurs… Le métier peut porter bien des noms. Certains exploitants et exploitantes de ferme florale allient parfois une deuxième casquette : celle de fleuriste. On peut alors parler de fermier-fleuriste ou fermière fleuriste.

La partie floriculture concerne la plantation et la culture de fleurs sur une exploitation agricole. En France, la production de plantes fleuries n’est pas au meilleur de sa forme. Beaucoup de fleurs sont importées dans le pays depuis les Pays-Bas, le Kenya, le Brésil etc. On parle d’un ordre de 8 à 9 fleurs sur 10 qui n’ont pas été cultivées en France.

Quelques passionnés tentent de redonner sa valeur à la fleur française. Des associations comme le Collectif de la Fleur Française œuvrent en ce sens.

Il existe plusieurs modèles économiques possibles pour que le producteur de fleurs gagne sa vie. Il peut cultiver ses fleurs et les vendre lui-même aux consommateurs en bouquet, fournir des fleuristes ou proposer des abonnements. Certains cultivent de grandes surfaces à l’aide d’engins pour fournir des grossistes, d’autres cultivent avec peu ou pas de mécanisation et restent sur un modèle de circuit court.

Quelques détails sur mon projet

Mon projet est de créer une ferme florale dans le Pays de Fougères en Ille-et-Vilaine (35), où je vis actuellement. Je souhaite m’occuper d’une exploitation de quelques kilomètres carrés pour proposer des fleurs de saison en circuit court.

Je souhaite proposer mes fleurs sur les marchés directement aux clients, vendre des bouquets de fleurs fraîches et des bouquets de fleurs séchées pendant les saisons de floraison. Je songe à proposer une formule d’abonnement pour des bouquets de fleurs fraîches 9 mois dans l’année.

La vente en ligne est selon moi un segment important pour disposer de plusieurs cordes à son arc. La pandémie a prouvé que l’e-commerce a encore de beaux jours devant lui.

Pendant l’hiver, où les fleurs se font plus discrètes, je compte compléter mon activité avec la production et le séchage de plantes aromatiques et médicinales, afin de proposer des tisanes douces et chaleureuses.

Pour cela, il me faut une formation en production horticoles et beaucoup d’expérience professionnelle pour acquérir toutes les compétences nécessaires à la culture des plantes. Je veux apprendre à cultiver sans ajout de produits chimiques, avec des engrais naturels et l’installation de serres froides pour les fleurs les plus fragiles.

Pourquoi m’engager dans les fleurs locales et de saison ?

Le marché de la fleur de nos jours est encore peu connu par le tout-venant, et pourtant beaucoup de choses ne vont pas dans ce secteur.

On l’a vu, plus de 80% des fleurs vendues en France sont importées. La plupart sont cultivées dans des serres chauffées et éclairées en continu (merci les économies d’énergies…) dans les Pays-Bas. D’autres pays sont aussi de gros producteurs de fleurs comme le Kenya, l’Ethiopie, l’Equateur ou le Brésil. Là-bas, ce ne sont pas les serres chauffées le plus gros du problème.

L’industrie fait appel à des produits phytosanitaires interdits en Europe pour faire pousser toute l’année des roses, des lys ou des pivoines… Bref, des fleurs très gourmandes en eau et qui participent à l’assèchement des terres. A cela s’ajoutent des conditions de travail plus que discutables dans les plantations, avec des populations exposées à des produits dangereux toute la journée.

Pour couronner le tout, les fleurs sont ensuite cueillies et chargées dans les camions réfrigérés, puis partent pour l’Europe par avion, où elles atterrissent dans les Pays-Bas, plaque tournante de la fleur du continent. Une fois dispersées dans le continent européen, il est impossible de connaître précisément la provenance des fleurs, car il n’est pas obligatoire d’indiquer l’origine d’une plante ornementale, contrairement aux fruits et légumes.

Un voyage de plusieurs jours avec une empreinte carbone de plusieurs kg de CO2 par bouquet (quand on sait que 600 millions de roses sont vendues chaque année en France, dont 200 millions à la Saint-Valentin, en plein hiver, le calcul est affolant…).

Avec toutes ces informations en tête, est-il vraiment nécessaire de répondre au pourquoi je veux m’engager à proposer des fleurs locales et de saison ?

Tout simplement parce qu’il est nécessaire de démontrer que l’on peut continuer à se faire plaisir et à profiter de la beauté des fleurs chez soi tout en limitant les conséquences désastreuses sur l’environnement.

Il est grand temps d’opérer un retour à la saisonnalité, à ce que chacun d’entre nous s’habitue petit à petit à ne plus tout avoir à la demande, de se défaire de cette consommation instantanée et disponible à toute occasion de l’année. Tout simplement parce que ce n’est pas comme ça que ça marche.

Fleuristerie et environnement : la grande question

Lorsque l’on découvre la réalité du marché des fleurs et de leur empreinte carbone, on finit toujours par se poser la question : “Et moi ? Si je me lance dans la culture de fleurs, vais-je participer à ce désastre écologique ?”

Aujourd’hui, beaucoup de boutiques et ateliers de fleuristes ont pris conscience de l’impact écologique des fleurs importées. Ils sont de plus en plus nombreux en quête de fleurs locales et responsables. Or, l’offre en France n’est pas encore assez importante pour couvrir cette demande. Les fermes florales sont encore trop peu nombreuses.

Avec mon projet, j’aimerais participer à mon échelle à la diversification et à l’amplification de l’offre de fleurs produites en France. J’espère pouvoir proposer des fleurs recherchées et appréciées par les professionnels, mais aussi par les clients finaux.

Je cherche sans cesse à en apprendre plus sur la culture raisonnée des sols, en y touchant le moins possible. Je me renseigne sur les principes de permaculture, de paillage, de systèmes d’irrigations et de structures permettant d’utiliser le moins d’eau possible, mais aussi le moins d’énergie. 

Sans nécessairement courir après les labels, j’aimerais cultiver mes fleurs dans une démarche biologique et sans déchets. J’espère que je parviendrai à répondre à ces défis tout en parvenant à vendre des fleurs à un prix abordable et en limitant mes coûts…

Cette démarche s’annonce difficile et semée d’embûches, mais je suis prête à relever le défi !

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